Frammenti Africani è un resoconto giornalistico di tematiche complesse del Continente Africano, futuro epicentro economico mondiale, dove coesistono potenze economiche e militari, crescita economica a due cifre, guerre, colpi di stato, masse di giovani disoccupati e una borghesia in piena crescita.
Un mosaico di situazioni contraddittorie documentate da testimonianze di prima mano e accuratamente analizzate per offrire un'informazione approfondita sulla politica, economia e scoperte scientifiche di un mondo in evoluzione pieno di paradossi.
Fulvio Beltrami
Originario del Nord Italia, sposato con un'africana, da dieci anni vivo in Africa, prima a Nairobi ora a Kampala. Ho lavorato nell’ambito degli aiuti umanitari in vari paesi dell'Africa e dell'Asia.
Da qualche anno ho deciso di condividere la mia conoscenza della Regione dei Grandi Laghi (Uganda, Rwanda, Kenya, Tanzania, Burundi, ed Est del Congo RDC) scrivendo articoli sulla regione pubblicati in vari siti web di informazione, come Dillinger, FaiNotizia, African Voices. Dal 2007 ho iniziato la mia carriera professionale come reporter per l’Africa Orientale e Occidentale per L’Indro.
Le fonti delle notizie sono accuratamente scelte tra i mass media regionali, fonti dirette e testimonianze. Un'accurata ricerca dei contesti storici, culturali, sociali e politici è alla base di ogni articolo.
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Giu 13
di Fulvio Beltrami
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Fulvio Beltrami 12 Juin 2020
Traduction complète en français de la première partie de la biographie publiée dans le journal catholique italien: Il Faro di Roma (http://www.farodiroma.it/burundi-la-vicenda-di-pierre-nkurunziza-da-timido-giovane-a-implacabile-guerrigliero-di-f-beltrami/)
Mardi 8 juin à 16 heures, heure locale, le président du Burundi, Pierre Nkurunziza, décède à l'âge de 55 ans, hospitalisé d'urgence le samedi 6 juin à l'hôpital "Le Centenaire" de Karuzi, géré par l'Ong Italienne "Aidons le Burundi" de l’ancien gouverneur de la Sicile Salvatore Cuffaro et le docteur Stefano Cirillo. La nouvelle de sa mort sera communiquée 24 heures plus tard avec une vague explication de la cause du décès: "arrêt cardiaque".
Selon les indiscrétions des médecins burundais, le chef de l'Etat est décédé des suites d'une vaculopathie cérébrale (infarctus aigu du myocarde) due à l'état diabétique préexistant, aggravé par la contagion de Covid19. Selon ces sources, l'infection a été transmise par son épouse: Denise Bucumi Nkurunziza évacuée en urgence maximale le 28 mai et hospitalisée à l'hôpital universitaire Aga Khan de Nairobi au Kenya.
Bien que la cause du décès suggérée par le personnel médical burundais semble la plus crédible pour les principaux journaux africains et occidentaux, les véritables causes ne seront probablement jamais révélées car les dossiers médicaux du couple présidentiel sont devenus des secrets d'État. Selon les médecins burundais contactés dans le pays, il y a une grave urgence sanitaire causée par la contagion de Covid19 favorisée par la folie du gouvernement de ne pas vouloir reconnaître la présence de la pandémie dans leur pays.
Une décision insensée qui aurait fait le président Pierre Nkurunziza lui-même. "J'ai fait une alliance avec Dieu qui m'a garanti qu'il sauvera le Burundi de la pandémie parce que nous sommes le peuple élu", a-t-il déclaré en avril dernier. «Covid19 est un canular inventé par les blancs. Ne vous inquiétez de rien car cela n'existe pas », avait condamné Nkurunziza lors du discours à la Nation à l'occasion des fêtes ouvrières du 1er mai. "Rassemblez-vous sans peur, sans distance ni masque car Dieu a purifié l'air de son pays", a-t-il suggéré pendant la journée électorale.
Sa disparition crée une forte perturbation au sein du parti au pouvoir: le CNDD et au sein des forces armées contrôlées par les généraux des FDD, l'aile militaire du CNDD au moment de la guerre ethnique (1993 - 2004).
Le CNDD-FDD, orphelin du leader (Pierre Nkurunziza) est aujourd'hui confronté à une situation interne difficile. Tous les courants et lobbies du pouvoir se disputent les places, le prestige et le pouvoir. Évariste Ndayishimiye (alias le Général Neva) nommé par la Cour Constitutionnelle comme nouveau président de la République pourrait être en équilibre précaires. Compte tenu de la nature de sa victoire (les données provisoires ont été dictées par lui-même à la commission électorale de la CENI) clairement dénoncée par les évêques du Burundi, la nomination à la présidence peut être remise en cause à tout moment par les différents "concurrents" avant la cérémonie officielle pour le 20 août.
Le parti au pouvoir, déterminé à résoudre les dangereux conflits internes, souhaite offrir une vision d'unité à l'extérieur, déclarant que la disparition soudaine du leader ne créera pas de problèmes. Les rênes du pouvoir seront prises en charge par le président nouvellement élu.
Toute la population, toujours terrifiée par la fraude électorale, l'intimidation et la violence postélectorale et en proie à une pandémie démentie par les autorités gouvernementales, vit la mort de Nkurunziza comme la continuation d'un cauchemar qui a duré trop longtemps.
Mais qui est Pierre Nkurunziza? Il est extrêmement difficile d'expliquer la vie de ce politicien le plus controversé de l'histoire africaine qui entre pleinement dans le clan des "terribles dictateurs": Mobutu Sese Seko, Idi Amin Dada, Ian Smith, Obiang Mbasogo, Jean Bédel Bokassa.
Pierre Nkurunziza est la figure politique la plus emblématique du "mal burundais", terme utilisé par les intellectuels de ce petit pays pour définir l'incapacité à sortir de l'histoire des massacres et contre massacres ethniques, et la violence du pouvoir sur la population.
Comme nous le verrons en analysant les étapes de sa vie, les événements de jeunesse qui ont formé son personnage, la guerre civile et les trois mandats présidentiels, ont contribué à créer un profil psychologique très complexe et contradictoire. Dans l’esprit maudis de Nkurunziza, des pulsions et des comportements contradictoires ont toujours coexisté. Une timidité dictée par des complexes d'infériorité envers les autres présidents et organisations internationales qui alternent avec un alter ego personnel très fort. Des moments d'extase religieuse dictés par la conviction personnelle d'être été choisi par Dieu pour faire le bien sur terre à des moments de violence sans précédent contre quiconque a osé le combattre même au sein de son parti.
Le trait le plus unique qui caractérise sa gestion du pouvoir est sa habilité d'offrir à tous les interlocuteurs une image de lui-même loin de la réalité mais extrêmement convaincante. Pendant la guerre civile, il a réussi à imposer à l'étranger l'image d'un partisan qui a lutté contre les injustices d'une classe dirigeante composée de Généraux Tutsi, réussissant à cacher les horribles massacres contre la population civile et sa stratégie de terreur. Depuis son premier mandat présidentiel, il a réussi à faire croire aux présidents du Rwanda, de l'Ouganda, des États-Unis, de Nelson Mandela, de la Communauté de Sant'Egidio et de l'Union européenne que les valeurs de paix et de démocratie étaient profondément enracinées en lui afin de mieux structurer la dictature terrible et sanglante qui culminera dans les 5 dernières années de sa vie.
Pierre Nkurunziza est né à Bujumbura le 18 décembre 1963, fils d'une mère tutsie et d'un père hutu. Nkurunziza pousse dans la province de Ngozi, au nord du Burundi. Son père avait été gouverneur de deux provinces avant d'être tué en 1972 lors d'une vague de violence ethnique qui a tué plus de 300000 Hutus et plus de 30 000 Tutsis. La mort du père a été atroce. Étranglé de sa propre cravate par les soldats tutsis du président: le général Michel Micombero.
Une mort qui marquera à jamais la psyché du garçon de 9 ans qui a été témoin de l'exécution de son père. Nkurunziza est diplômé de l'Université du Burundi à Bujumbura en 1990 avec un diplôme en éducation physique. Il a continué à enseigner au lycée et a également travaillé comme professeur adjoint à l'université.
Le 10 juillet 1993, Nkurunzia célébre la victoire démocratique du chef du parti FRODEBU Melchior Ndadaye. Comme beaucoup de ses pairs, il a participé à la campagne électorale de FORDEBU. Le président Ndadaye est le premier chef d'État non militaire et hutu à rompre la chaîne de pouvoir des «généraux tutsis»: le général Micombero, le général Jean-Baptiste Bagaza et le général Pierre Buyoya qui dirigent le pays depuis 1966. Tous sont montés au Présidence par coup d'État.
La présidence de Ndadaye ne durera que 103 jours. Le 21 octobre 1993, il a été assassiné à la baïonnette par des soldats de l'armée qui avaient déclenché un nouveau coup d'État. La mort atroce de Ndadaye contient en soi un différend historique pas encore résolu. De nombreux historiens et intellectuels burundais soutiennent que derrière le masque du "démocratique" Ndadaye a promu l'idéologie raciale du Manifeste Bahutu et la politique de HutuPower (pouvoir aux Hutus) encouragée et soutenue par le président rwandais Juvenal Habyrimana. L'armée aurait exécuté le coup d'État et assassiné le président pour empêcher un génocide que Ndadaye organisait lui-même.
Cette accusation n'a jamais été prouvée, incitant autant d'historiens et d'intellectuels burundais à la qualifier de théorie du complot inventée par les Tutsis pour restaurer leur domination. Malheureusement, les deux domaines des historiens et des intellectuels burundais ont été (et sont toujours) obscurcis par le problème ethnique et leurs analyses ont donc probablement subi des modifications idéologiques. Par exemple, les généraux tutis n'ont pas été remplacés par Ndadaye mais par des politiciens civils hutus du FRODEBU: Cyprien Ntaryamira et Sylvestre Ntibantunganya. Cependant, le 25 juillet 1996, le général Buyoya est revenu au pouvoir par coup d'État.
Immédiatement après la mort de Ndadaye, les Tutsis sont massacrés par des milices hutues sorties de nulle part et bien organisées. Les massacres sont concentrés dans le nord et l'est du pays. Ces milices renforceront les arguments des historiens et intellectuels burundais contre le FRODEBU que Ndadaye préparait l'organisation du génocide. L'armée régulière contre-attaque en massacrant des centaines de milliers de Hutus pour venger leurs frères tutsis tués. Deux formations de guérilla hutu voient le jour en réaction: les FNL et les FDD et la guerre ethnique commence.
Pour arrêter la spirale de la haine et de la violence ethnique, en janvier 1994, l'armée et le FRODEBU ont décidé de signer un accord promu par les Nations Unies, qui établit une division du pouvoir entre les Hutus et les Tutsis. Le chef du FRODEBU Cyprien Ntaryamira (Hutu) devient président tandis qu'Anatole Kanyenkiko (Tutsi) devient Premier Ministre. La mort de Cyprien Ntaryamira dans l'attentat du 6 avril 1994 au Rwanda contre Juvenal Habyarimana (qui déclenchera le génocide rwandais) complique le processus de paix. En septembre, un deuxième chef hutu FOREDEBU est nommé président: Sylvestre Ntibantunganya.
Malgré le respect des accords entre le FRODEBU et les généraux tutsis, les deux rébellions hutues poursuivent la guerre en intensifiant les attaques provoquant la réaction des Tutsis qui reprennent le pouvoir par un coup d'État du 25 juillet 1996 où le général Pierre Buyoya redevient président.
La décision de Nkurunziza de prendre les armes est intervenue en 1995 lorsqu'un deuxième événement horrible a marqué sa vie: le massacre par l'armée de 200 étudiants hutus sur le campus universitaire de Bujumbura. Nkurunziza, qui enseignait l'éducation physique à l'université, parvient à s'échapper par miracle. Pendant un an, il se cache dans la brousse avant de rejoindre la lutte armée de la guérilla FDD.
Après la période de famine et de difficultés passées dans la forêt, rejoindra les FDD, la branche armée du nouveau parti hutu CNDD fondé le 24 septembre 1994 par des anciens du FRODEBU, dont Leonard Nyangoma, Stalislas Kaduga, Jean-Bosco Ndayikengurukiye et Hussein Rudjabu ( Extrémiste musulman) Les ailes politique et militaire du CNDD-FDD reçoivent la protection et le soutien du dictateur du Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo) Mobutu Sese Seko qui autorisera les bases militaires du Sud-Kivu et leur fournira des armes et des munitions. Les FDD lancent des attaques continues contre le Burundi puis se retirent au Zaïre.
Le néo-guérillero Pierre Nkurunziza parvient en peu de temps à atteindre le sommet de l'organisation militaire FDD grâce à ses compétences orales et sa capacité innée à savoir comment impliquer les gens. Son nom de bataille sera: le Capitaine UMUNZA. Nkurunziza ne choisit pas d'opérer depuis le Zaïre voisin comme les autres commandants et mène des opérations militaires dans une base secrète à Bujumbura Rural. Bientôt, l'unité rebelle commandée par Nkurunziza jouera un rôle décisif dans la guérilla contre l'armée régulière.
Le capitaine UMUNZA en 1998 révolutionnera les tactiques de combat adoptées jusqu'à présent. Notant que les guérilleros FDD (bien qu'entraînés et armés par le Zaïre) sont incapables d'affronter les troupes gouvernementales en plein champ, Nkurunziza inaugurera une tactique militaire dévastatrice: la stratégie de la terreur. De 1998 à 2001, les FDD ont évité les affrontements ouverts avec l'armée régulière en lançant des attaques surprises dans les villages et la capitale, Bujumbura. Lors de ces attaques, les rebelles massacrent la population civile en visant les Tutsis mais aussi en tuant de nombreux Hutus accusés de collaborer avec le gouvernement Buyoya. Parallèlement à ces formidables attaques contre des civils, des embuscades visent la police (moins efficace que l'armée) et des unités de soldats isolées.
Cette tactique entraînera un grand gaspillage de vie mais atteindra ses objectifs. La population (Hutu et Tutsi) devient de plus en plus intolérante envers le gouvernement et commence à l'accuser de ne pas pouvoir surmonter la rébellion et défendre les civils. La décimation constante des policiers et des soldats crée un climat de peur et d'impuissance parmi les forces armées qui se livrent souvent à des massacres de civils hutus accusés de soutenir le capitaine UMUNZA.
Nkurunziza est rapidement devenu le leader le plus important du groupe armé FDD et l'ennemi numéro un du gouvernement Buyoya qui l'a condamné à mort par contumace pour les crimes de guerre commis et bien documentés. Pendant la guerre civile, Nkurunziza ne se contente pas de coordonner les troupes et de jouer le rôle de stratège. Armé d'une mitrailleuse soviétique PKM (style Rambo), Nkurunziza participe à des attaques terroristes en tuant personnellement de nombreux civils. Les camarades de guérilla se souviendront de lui comme d'un "grand combattant". Sa cruauté découle d'une soif de vengeance pour la mort de son père et du massacre sur le campus universitaire qu'il a réussi à survivre par pur hasard.
Pendant les années de la stratégie de terreur Nkurunziza est marquée par un épisode très particulier. Le 4 novembre 1999, lors d'une attaque contre un village du district de Bujumbura Rural, les guérilleros ont amené devant lui un jeune Hutu capturé, accusé d'avoir donné des informations à l'armée.
Le jeune homme (12 ans) jure et parjure son innocence. Malheureusement le capitaine UMUNZA ne le croit pas et lui tire une balle dans la tête. Trois jours plus tard, il découvre la vérité. Les accusations avaient été portées par deux guérilleros FDD originaux du village comme une forme de vengeance contre le père du garçon pour un différend qui tournait autour d'une vache. Une fois les deux guérilleros exécutés, Nkurunziza devient obsédé par l'erreur commise jusqu'à ce qu'il soit convaincu que le fantôme du garçon le persécute chaque nuit.
Le meurtre de sang-froid du jeune Hutu de 12 ans marquera la psyché de Pierre Nkurunziza. Des années plus tard, en 2008, la guérilla qui est devenue présidente admettra le crime en public en déclarant que le fantôme du jeune homme tué lui avait pardonné, devenant son guide spirituel. Selon Nkurunziza, c'est le fantôme du jeune Hutu qui a joué le rôle de médiateur en le mettant en contact direct avec Dieu.
À travers ce fantôme, Nkurunziza comprendra les desseins divins sur lui et façonnera sa présidence sur la base d'un fanatisme religieux si marqué qui le conduira à entrer en conflit avec l'Église Catholique et à fonder son propre culte chrétien: l'Église de Rocher avec siège social et international dans le municipalité de Mukaza, près de la capitale Bujumbura. Nkurunziza lui-même se nomme le fondateur et leader de l'Église et confère à sa femme Denise le rôle de Grande Prophétesse.
Le 24 mai 2001, Nkurunziza a été blessé lors d'un combat à Gitega et a miraculeusement réussi à s'échapper grâce à l'aide de ses camarades. La mort évadée sera interprétée comme le signe le plus clair que le fantôme du garçon assassiné est devenu son guide spirituel prêt à le protéger. En signe de remerciement, en 2019, elle transformera Gitega d'une simple ville en capitale du Burundi.
Nkurunziza n'est pas seulement un combattant féroce mais une excellente levée de fonds. Grâce à lui, les FDD pourront obtenir protection et financement de la Tanzanie. Une aubaine étant donné qu'en 1997 avec la chute du dictateur zaïrois: Mobutu mis en œuvre par l'Angola, l'Éthiopie, le Rwanda et l'Ouganda, les FDD ont perdu leur soutien financier et leur approvisionnement en armes, tout en réussissant à maintenir une base militaire au Sud-Kivu. Des bases militaires sur le territoire tanzanien permettront au groupe rebelle de lancer également des attaques dans les territoires du nord-ouest du pays.
Par l'entremise de l'extrémiste musulman Hussein Rudjabu, Nkurunziza aurait réussi à attirer des fonds d'Al-Qaïda. Cependant, jusqu'à présent, il n'a pas été possible de produire des preuves de ce financement du terrorisme islamique, bien qu'il soit considéré comme probable. Les autres financements proviennent de la France et (dans une moindre mesure) de la Russie. En tant que dernière source de financement, Nkurunziza oblige les agriculteurs des zones rurales à payer régulièrement des impôts appelés «soutien patriotique à la libération du Burundi». Les impôts payés aux agents de recouvrement illégaux de FDD sous forme d'argent ou sous forme de dîme de la récolte de thé et de café ont été revendus en Tanzanie voisine.
Après 7 ans depuis le début de la guerre civile, le pays est dans une situation désespérée. L'économie est maintenue en vie grâce à l'aide économique fournie par l'USAID et l'Union Européenne qui allègent partiellement les souffrances de la population.
Des centaines de milliers de Hutus sont contraints de vivre dans des camps de réfugiés à l'intérieur du pays. La création de ces champs a deux origines. La tentative d'échapper aux attaques terroristes continues des FDD menées par Nkurunziza et le mouvements de population forcés mis en œuvre par l'armée dans le but de priver la guérilla FDD de tout soutien populaire.
L'armée, constamment supportée par les États-Unis et la Grande-Bretagne, subit la répercussion régionale de la guerre des "six jours" menée en 2000 à Kishangani (Congo) entre les armées ougandaise et rwandaise pour le contrôle des ressources naturelles des provinces de l'Est du Nord et du Sud Kivu. Les alliés de la première guerre panafricaine qui se sont battus au Congo pour destituer le dictateur Mobutu (1996-1997) pendant la deuxième guerre panafricaine (toujours combattu au Congo: 1998-2004). Le Rwanda et l'Ouganda commencent à s'affronter, créant une atmosphère de rivalité cela dure toujours.
Après la guerre des "six jours", le Rwanda continue de soutenir le gouvernement burundais de Pierre Buyoya tandis que l'Ouganda desserre progressivement son soutien à Buyoya comme revanche anti-rwandais. Les tactiques de guérilla de Nkuruniziza et les complications liées aux alliances régionales créent une situation très difficile au sein des forces armées burundaises épuisées.
Pendant ce temps, Nkurunziza, grâce aux "succès" militaires, commence à jouer sur les divisions internes du CNDD-FDD pour conquérir son hégémonie. De fortes divergences commencent à apparaître sur les objectifs stratégiques et politiques. Nkurunziza, conscient de l'impossibilité de vaincre l'armée régulière en plein champ, pousse à une augmentation de la guerre d'usure afin de forcer le gouvernement Buyoya à s'asseoir à la table des négociations. L'aile dure du CNDD-FDD représentée par ses pères fondateurs: Leonard Nyangoma, Stalislas Kaduga, Jean-Bosco Ndayikengurukiye ne veulent aucun compromis. Ils sont pour la conquête militaire du pouvoir et l'extermination de la minorité tutsie. L'extrémiste musulman Hussein Rudjabu adopte une politique opportuniste et modérée, s'alliant à la faction qui, selon lui, a le plus de chances de s'imposer au sein de la guérilla: celle de Nkurunziza.
Un choix prudent car Nkurunziza parvient à mettre les adversaires en minorité en les éliminant un par un. Leonard Nyangoma est expulsé du groupe armé. Il établira sa propre guérilla qui jouera un rôle complètement marginal. Stalislas Kaduga s'alignera sur le nouveau propriétaire (Nkurunziza) puis l'accusera d'être un dictateur en 2015. Jean-Bosco Ndayikengurukiye choisira également de quitter le CNDD-FDD pour fonder son petit groupe armé. En 2000, il se réconciliera avec Nkurunziza en soutenant les accords de paix d'Arusha. D'autres commandants mineurs opposés à Nkurunziza trouvent une mort héroïque sur le champ de bataille... En mars 2000, la direction militaire et politique qui fonda le CNDD-FDD fut entièrement remplacée par un seul chef: le capitaine UMUNZA: Pierre Nkurunziza.
À l’initiative des présidents américains Bill Clinton et Geroge W. Bush, Nelson Mandela et la Communauté de Sant’Egidio, des négociations de paix sont ouvertes à Arusha (Tanzanie), actuellement siège de la Communauté de l’Afrique de l’Est (Communauté économique de l’Afrique de l’Est). Nkurunziza a obtenu ce qu'il voulait: forcer son rival tutsi: le général Pierre Buyoya à négocier malgré le fait que le CNDD-FDD n'ait pas obtenu une seule victoire militaire majeure, préférant une guerre d'usure et terroriste.
La signature des accords de paix et de réconciliation d'Arusha est finalement arrivée le 28 août 2000. Les accords prévoient un gouvernement de transition, une représentation égale dans les forces armées des Hutus et des Tutsis. Au niveau gouvernemental, la minorité tutsie obtient 40% de la représentation au Parlement et 50% au Sénat. Après la période de transition, des élections démocratiques devront être organisées et l'équilibre des pouvoirs devra être maintenu avec un président hutu et un vice-président tutsi ou vice-versa en fonction des résultats des élections.
La population fatiguée de la violence et du deuil constant se réjouit. Enfin, les politiciens semblent avoir compris que la chaîne de la haine raciale doit être interrompue et oubliée pour le bien de la Nation. Cependant, le gouvernement de transition ne sera nommé que trois ans plus tard en raison de la détermination de Nkurunziza à poursuivre le conflit. Le choix n'est pas accidentel. Nkurunziza, tout en se déclarant enclin à respecter les accords de paix, poursuit la guerre civile pour épuiser encore plus l'armée régulière et gagner en importance dans l'après-conflit. Le 20 avril 2003, le gouvernement de transition a été formé en nommant le politicien hutu du FRODEBU Domitien Ndayizeye à la présidence.
Pendant le gouvernement de transition, Nkurunziza devient ministre de la bonne gouvernance et inspecteur général de l'État en charge de la préparation des élections démocratiques pour 2005. Une opportunité maintenant pour le futur président qui pourra maintenir un chaos de semi-guerre pour empêcher l'élection de se dérouler comme prévu. Il atteindra son objectif grâce à deux facteurs.
Le premier représenté par le second guérillero hutu: le FNL dirigé par... Agathon Rwasa (candidat de l'opposition aux élections de mai dernier). Rwasa considère les accords d'Arusha comme une trahison envers la cause HutuPower et continue de lutter contre le gouvernement Ndayizeye en se faisant tacher d'un horrible crime commis en octobre 2003 lorsqu'il lance une attaque contre la capitale Bujumbura en utilisant 4000 enfants soldats âgés de 10 à 17 ans.. Cette armée des enfants tuera de nombreux civils avant d'être anéantie par les forces régulières burundaises qui avaient reçu l'ordre de ne faire aucun prisonnier. La "guerre des enfants", comme on l'appellera, représente le chapitre le plus horrible des dix années de guerre civile.
Le deuxième facteur est créè par les ex-guérilleros «errants» du CNDD-FDD qui n'avaient pas accepté de déposer les armes et étaient engagés dans des actions terroristes et de banditisme. Nkurunziza à l'époque affirmait que ces guérilleros étaient des renégats qu'il ne pouvait plus contrôler. On soupçonne fortement que ces " renégats" ont été coordonnés par Nkurunziza pour mettre en œuvre sa stratégie de tension. Lorsqu'il est devenu président (en 2005), tous ces renégats ont soudainement cessé leurs activités criminelles, recevant une compensation financière qui a tari les coffres de l'État déjà en mauvais état en raison de l'effort de guerre soutenu pendant les dix années de guerre ethnique.
Le climat de violence qui perdurait sous le gouvernement de transition n'a pas permis les élections. Sur les conseils de la communauté internationale et des acteurs étrangers qui avaient favorisé et promu les accords d'Arusha le 26 août 2005, le Parlement confie à Pierre Nkurunziza un mandat présidentiel de 5 ans, reportant les premières élections libres à 2010. Nkurunziza a été choisi comme seigneur de la guerre qui avait montré (par rapport à Agathon Rwasa) qu'elle était raisonnable et représentait une garantie sincère de réconciliation nationale et de renforcement de la démocratie. Cette évaluation a trouvé le consensus de tous les partisans de la paix, de Nelson Mandela à la Communauté de Sant’Egidio. Les trois mandats présidentiels mettront en évidence la capacité du dictateur à tromper ses interlocuteurs.
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